CLIMAT

CONDITIONS GÉNÉRALES

Les grands traits climatiques sont le résultat conjoint de facteurs géographiques et aérologiques. Les premiers s’expriment par la latitude qui confère au territoire des caractères tropicaux, et par la position de Finistère ouest-africain qui détermine des conditions climatiques différentes dans la région littorale et dans l’intérieur. Les seconds s’expriment par I’alternance sur le pays de trois flux dont les déplacements sont facilités par la platitude du relief.

Le premier flux est représenté par l’alizé maritime issu de l’anticyclone des Açores, de direction nord à nord-est. L’alizé maritime est constamment humide, frais voire froid en hiver, et marqué par une faible amplitude thermique diurne. Son domaine est une frange côtière qui s’amenuise au sud avec la remontée de la mousson, mais qui se maintient pendant presque toute l’année au nord du Cap-Vert.

L’harmattan, de direction Est dominante, branche finissante de l’alizé continental sahélien, est caractérisé par une grande sécheresse liée à son long parcours continental, et par des amplitudes thermiques très accusées ; frais ou froid la nuit, il est chaud à torride le jour. Il transporte souvent en suspension de fines particules de sable et des poussières qui constituent la “brume sèche ».

Le troisième flux, la mousson, provient de l’alizé issu de l’anticyclone de Sainte-Hélène dans l’Atlantique Sud. Elle bénéficie d’un très long trajet maritime qui la rend particulièrement humide. Elle pénètre dans le pays en période estivale selon une direction sud-est – nord-ouest et elle s’assèche relativement en fonction de sa pénétration vers l’intérieur. Elle est marquée par une faible amplitude thermique, mais avec des températures généralement plus élevées que celles de l’alizé maritime.

PRÉCIPITATIONS

L’année climatique est divisée en deux saisons principales par le critère pluviométrique. La saison dite sèche n’est vraiment sèche que dans l’intérieur ; tandis que sur le littoral, qui bénéficie d’une humidité relative élevée, la saison est précisément non pluvieuse.

Au cours de la saison sèche, des pluies de heug peuvent se produire, associées à des invasions épisodiques d’air issu des régions tempérées. Ces pluies sont généralement faibles, voire insignifiantes, mais il peut advenir qu’elles atteignent exceptionnellement des valeurs élevées.

La saison des pluies ou hivernage débute au sud-est du Sénégal en avril avec l’arrivée de la mousson qui envahit progressivement le pays. Les pluies augmentent d’abord lentement jusqu’au mois d’août où elles culminent ; en septembre, la diminution est marquée, mais elle est ensuite très brutale en octobre. Deux phénomènes provoquent des précipitations sur le pays ; il s’agit d’une part des lignes de grains et d’autre part de la partie active de l’équateur météorologique, marquée par l’ascendance de l’air humide qui se refroidit en altitude et se condense en pluies.

Les lignes de grains, improprement dénommées tornades, balaient le territoire d’est en ouest (ce qui fait dire que la pluie vient de l’est) s’affaiblissent progressivement en atteignant le littoral ; à Dakar, par exemple ne parvient que la moitié des perturbations, qui sont passées par Tambacounda. Les pluies déversées par les lignes de grains sont essentiellement orageuses accompagnées de rafales de vent, de tonnerre et d’éclairs. Elles marquent le début et la fin de la saison des pluies dans lesud du pays, mais elles constituent pour la quasi-totalité du territoire la source essentielle des précipitations.

D’une manière générale, les précipitations décroissent du sud vers le nord : Ziguinchor enregistre 1 250 de pluie par an, Kaolack 610 mm, tandis que Linguère ne reçoit en moyenne que 414 mm, Podor 220 mm. Le nombre de mois pluvieux varie selon la latitude, mais également selon le seuil adopté. Si I’on prend pour base les précipitations mensuelles supérieures à 10 mm (ce qui est très faible), le nord-ouest du pays a quatre mois pluvieux , le sud six. Avec une base de 50 mm par mois, le nombre de mois pluvieux passe à deux et à cinq. Mais, sur la base de 100 mm, le nord ne bénéficie même plus d’un mois pluvieux, tandis que le sud dispose encore de cinq mois pendant lesquels les précipitations sont supérieures à 100 mm et souvent très supérieures puisque Ziguinchor, par exemple, enregistre 424 mm au mois d’août. Cette différenciation en latitude confirme le caractère aléatoire de la pluviométrie dans la moitié septentrionale du pays.

Enfin, le climat du Sénégal, comme celui de tous les pays sahélo-soudaniens, se caractérise par une grande variabilité des précipitations d’une année à l’autre, variabilité d’autant plus redoutable que la moyenne annuelle est plus faible ; plus leur total annuel s’amenuise, plus les pluies sont incertaines et irrégulières et de plus leur déficit est grave. Ainsi, à Ziguinchor la moyenne de 1 250 mm résulte de précipitations variant d’environ 900 mm à un peu plus de 1 400 mm d’une année à l’autre ; à Linguère la moyenne 414 mm recouvre des précipitations allant de plus de 850 mm en année exceptionnellement pluvieuse à moins de 200 mm en année sèche. C’est dire que I’insécurité climatique qui pèse sur la moitié septentrionale du pays n’est pas seulement le fait de la faiblesse des précipitations et de la brièveté de la saison pluvieuse ; elle est surtout le résultat de l’irrégularité inter annuelle des pluies. La sécheresse qui a périodiquement frappé le pays depuis 1968 a souligné la gravité de cette situation par ses conséquences dramatiques sur l’équilibre écologique et toutes les activités humaines des régions situées au nord du Saloum. L’abondance des pluies exceptionnelles de 1999 par rapport à celles des dernières décennies redonne de l’espoir au monde rural, qui aspire à un retour durable d’une bonne pluviométrie.

D’après Marcel Roux et Pascal Sagna – Atlas du Sénégal – Edition Jeune Afrique, 2000.